Benoît Briatte : « La MGP devient la mutuelle des forces de la sécurité »
INTERVIEW – Benoît Briatte, président de la Mutuelle Générale de la Police, explique le nouveau positionnement de la mutuelle du ministère de l'Intérieur qui ambitionne de séduire agents pénitentiaires, douaniers et entreprises de la sécurité privée pour couvrir, à terme, 50% de l'ensemble du marché de la sécurité.
Quelle est la nouvelle stratégie de la MGP ?
La Mutuelle générale de la police, historiquement ancrée au sein du Ministère de l'Intérieur, devient la « MGP, mutuelle des forces de sécurité ». Nous souhaitons adresser les 30.000 agents de l'administration pénitentiaire, les 20.000 douaniers et les 170.000 agents privés de sécurité. Aujourd'hui, nous couvrons un peu plus de 50% des agents du ministère de l'Intérieur, notre objectif est de couvrir à terme 50% de l'ensemble du marché de la sécurité grâce à notre approche affinitaire. Pour appuyer le changement d'image de marque et de stratégie, nous lançons une campagne de communication à partir du 9 novembre.
Allez-vous fusionner avec Unéo ?
Compte tenu de notre bonne santé, nous n'avons pour l'instant pas besoin de partenariats prudentiels, ni avec Unéo, ni avec GMF. Politiquement, nous faisons de nombreuses actions avec Unéo au sein d'Unéopole, comme par exemple l'achat commun de l'outil pour participer au dispositif Tracfin. Quand nos agents partent à l'étranger, ils sont couverts par Unéo Monde. Demain, si l'on décide de renouveler notre flotte de véhicules, nous allons chercher ensemble un prestataire. Nous nous entendons très bien, mais nous ne sommes pas dans la construction d'une union prudentielle.
D'où viennent alors les annonces de fusion relayées par la presse ?
Ce qui a peut-être créé la confusion, c'est une décision prise par la conseil d'administration d'Unéo il y a trois semaines, selon laquelle Unéo s'engage à mener une discussion de façon systématique d'abord avec MGP sur tous les chantiers à mener. Il s'agit de penser d'abord à ses partenaires avant de penser à quelqu'un d'autre. Cette décision n'avait pas été clairement prise au niveau de ses instances. C'était important pour le président d'Unéo de s'afficher ensemble au sein d'une union politique.
Le projet de fusion sera-t-il évoqué demain ?
Il n'est pas impossible de se retrouver demain sur une stratégie commune, mais seul l'avenir nous le dira. Chez Unéo, comme à la MGP, nous avons été particulièrement échaudés d'un côté comme de l'autre, par des annonces et des tentatives trop rapides. Du coup, nous prenons notre temps.
Où en est l'UGM Unéopole ?
Nous travaillons ensemble sur l'affichage commun, sur les risques psychosociaux et les risques post-traumatiques. En ce qui concerne la distribution, nous avons des actions à trois ou à deux. Par exemple, avec GMF, nous faisons de l'indication croisée : quand un collaborateur GMF rencontre un agent des forces de sécurité, il promeut l'offre santé et prévoyance de la MGP. Face à un agent des forces de la défense, il promeut l'offre d'Unéo. Et vice-versa, le collaborateur MGP promeut l'offre Iard de GMF.
Nous utilisons également les agences GMF pour recevoir nos clients, nos adhérents ou nos prospects. Nous avons optimisé notre réseau de distribution : nous n'avons plus que 20 points de vente contre 50 auparavant. Pour autant, la proximité reste importante. Plutôt que d'avoir une agence ouverte 5 jours par semaine, nous sommes présents un jour par semaine ou un jour par mois, dans un cadre identifié, pour recevoir nos adhérents.
Le départ de Pascal Beaubat de la présidence d'Intériale peut-il relancer le projet de fusion des deux mutuelles de la police ?
Je regrette de ne pas avoir pu aboutir à créer une grande mutuelle du ministère de l'Intérieur, comme le souhaitent le ministère et la MGP. Ce n'était pas la volonté de nos concurrents. J'ai eu l'occasion de croiser Gilles Bachelier (le nouveau président d'Intériale) récemment et je lui ai dit : « tu es le bienvenu quand tu veux mais tu connais les conditions ». Nous sommes convaincus que pour exister sur le marché de la complémentaire santé, il faut avoir un secteur bien identifié. Notre stratégie est affinitaire tandis que nos concurrents se battent sur tous les fronts : ils ont pris les étudiants (LMDE), l’Éducation nationale, la Justice, une petite mutuelle d'hospitaliers sur Lyon... Comment réussir à se faire identifier par une population quand on est tout public ? J'ai même écrit à Pascal Beaubat en février dernier pour lui proposer de créer une grande mutuelle du ministère de l'intérieur mais il ne m'a jamais répondu.
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