Coronavirus : Les réassureurs seront impactés, selon Moody’s

jeudi 2 avril 2020
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Selon l’agence de notation Moody’s, le choc économique lié à l’épidémie de coronavirus pèsera sur la rentabilité et le capital des réassureurs dans les prochains mois.

Dans une note rendue en début de semaine, Moody’s Investors Service s’est penché sur les conséquences économiques de la crise du Covid-19 et leur impact sur le marché de la réassurance. « La pandémie a créé une perturbation sans précédent de l’économie mondiale et pèsera sur le capital et la rentabilité des réassureurs au cours des prochains mois », indique l’agence de notation.

Selon elle, les réassureurs vont devoir essuyer des pertes, principalement liées à leurs expositions au risque pandémique et aux réclamations en assurances de spécialités / grands risque P&C. « Les primes de (ré)assurance pourraient baisser si le ralentissement économique est à la fois sévère et prolongé. La forte baisse des marchés boursiers, les faibles taux d’intérêt et l’élargissement des écarts de crédit affaibliront les portefeuilles d’investissement, le capital et les bénéfices des réassureurs », prévient Moody’s Investors Service.

Vie, santé et IARD touchés

Et l’agence de notation s’attend à ce que le coronavirus génère également des pertes directes pour certains groupes, notamment en fonction de leur mix d'activités. « Pour les réassureurs-vie, les pertes dépendraient de l'augmentation des taux de mortalité dans les régions du monde les plus touchées, principalement aux États-Unis, en Europe, au Royaume-Uni et au Japon ».

En IARD, les acteurs vont notamment devoir faire face à des pertes liées à l'assurance-crédit ou aux couvertures d'interruption d'activités, avec des polices déclenchées sans dommages aux biens. Sur ce point, Moody’s indique que « l'industrie surveille les efforts législatifs de certains Etats américains visant à fournir rétroactivement une couverture contre les interruptions d'activité, sans dommage matériel, malgré les exclusions standard prévues en cas de virus ». Un sujet qui anime également le marché français.

Plusieurs grands réassureurs touchés

Début mars, Swiss Re révélait les impacts potentiels du virus sur ses activités IARD, vie et santé. Le réassureur estime, selon sa propre modélisation de la pandémie, que ses pertes pourraient s’élever à 3,1Mds de dollars. En dommages, Swiss Re est exposé à hauteur de 250M d’euros sur les Jeux Olympiques de Tokyo et à hauteur d’une « fourchette intermédiaire à trois chiffres » pour l’annulation ou le report d’autres évènements majeurs.

Du côté de Munich Re, le groupe estime qu'une pandémie mondiale pourrait l’impacter à hauteur de 1,4 Md d’euros en vie et santé. En IARD, le réassureur prévoit des pertes se situant dans une fourchette moyenne à élevée à trois chiffres en millions d'euros. « En raison de l'incertitude entourant l'impact macroéconomique et financier du coronavirus, Munich Re a également retiré ses prévisions de bénéfices pour 2020 et a interrompu son rachat d'actions jusqu'à 1Md d'euros jusqu'à nouvel ordre », précise Moody’s.

Pour Hannover Re, les pertes dommages liées au coronavirus pourraient avoisiner les 200M d'euros, principalement à cause des interruptions ou annulations d'activités. Le groupe dispose également d'une couverture pandémique de 360M d'euros placée au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Australie.

Tarification favorable

Malgré cette crise sanitaire et ses conséquences économiques, Moody’s anticipe toutefois des conditions tarifaires favorables pour le marché. « Les renouvellements tarifaires de janvier ont été favorables aux comptes affectés par des pertes et nous prévoyons que la tendance se poursuive lors des renouvellements d'avril », précise l’agence de notation. « Les réassureurs devront être judicieux dans l'allocation de leurs capacités en cas de catastrophes lors des renouvellements de juin / juillet, compte tenu de la conjoncture économique incertaine et de la volatilité des marchés financiers », prévient-elle ensuite.

Sur ce point, la plupart des réassureurs conservent des portefeuilles de titres « de haute qualité ». Toutefois bien que le capital de solvabilité requis des acteurs demeure solide, « nous nous attendons à une baisse du capital réglementaire en raison du grave choc financier », indique Moody’s avant de conclure : « un ralentissement économique prolongé, couplé à de graves pertes dues à des catastrophes ou à une trop faible croissance des réserves, pourrait faire passer les perspectives du secteur à un niveau négatif. Plusieurs sociétés, dont Swiss Re, Munich Re, Aspen et Axis, ont déjà signalé une évolution défavorable importante de leurs réserves dans certaines branches d'assurance aux États-Unis, attribuable à la hausse de l'inflation des sinistres ».

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