Assisteurs, assureurs et réassureurs suivent de près l'évolution de la pandémie de Coronavirus. Pour autant, selon les premières estimations, les impacts en termes de sinistralité pourraient être relativement modérés.
La France se prépare à vivre au ralenti et à domicile. Jeudi 12 mars, Emmanuel Macron s'est adressé aux Français pour annoncer plusieurs mesures visant à endiguer l'épidémie de Coronavirus : fermeture de tous les établissements scolaires, interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes ou encore incitation au télétravail. Durant les prochaines semaines, de nombreux évènements devraient ainsi être annulés ou reportés. Le secteur de l'assurance pourrait être touché, mais à des degrés divers selon les risques induits par le Covid-19.
La perte d'exploitation peu ou pas activée
Dans son discours Emmanuel Macron a largement insisté sur les moyens à mettre en œuvre pour sauvegarder le tissu des entreprises en France, et notamment les TPE et les PME. Le ralentissement économique, la mise en chômage partiel ou technique ou encore les mesures de confinement pourraient les mettre en danger en raison des pertes d'exploitation (PE) auxquelles elles ne pourraient faire face. Pour autant, le secteur ne devrait pas être touché par l'activation des garanties pertes d'exploitation. « Le risque de pandémie fait généralement partie des exclusions des contrats d'assurance dommages », souligne David Dubois, président de l'Institut des Actuaires.
« S'agissant particulièrement de la PE, s'il n'y a pas de dommages, il n'y pas de perte. On se retrouve en fait dans le cas de la perte d'exploitation sans dommages, pointe le directeur du marché des professionnels et des petites entreprises d'une compagnie d'assurance. Les PME de production d'évènements pourraient éventuellement être couvertes sur le risque de perte d'exploitation en cas d'annulation. Mais elles sont de moins en moins nombreuses ».
Même son de cloche pour le patron d'un assureur : « Nous n'aurons pas de garantie perte d'exploitation qui pourrait être activée dans le cadre du Covid-19 ».
Crainte sur le risque prévoyance
Aujourd'hui, 13 mars 2020, le principal impact de l'épidémie en prévoyance concerne les arrêts de travail. Dans cette situation de confinement systématique et étant donné la fermeture des établissements scolaires, tous les Français peuvent demander un arrêt de travail prescrit par l’ARS. « Selon nos hypothèses, si 10% de notre portefeuille est en arrêt de travail, cela pourrait nous coûter des dizaines de millions d’euros, sous réserve de la durée de l'arrêt de travail », explique Philippe Dabat, directeur assurances de personnes et distribution d’AG2R La Mondiale. Il est cependant difficile de mesurer l’impact sans connaître le pourcentage de salariés en arrêt, ni la durée.
« Il est encore difficile d'estimer les coûts sur les arrêts de travail car il existe des délais de carence ou des franchises dans les contrats », pointe Thierry Martel, directeur général de Groupama.
A ce stade, les décès ne concernent que des hommes de plus de 70 ans et des femmes de plus de 80 ans qui ne sont pas couverts par des régimes prévoyance collectifs. Les personnes âgées peuvent en revanche être couvertes par une assurance obsèques dont le risque est certain.
Coup de frein sur l'assurance voyage
En Angleterre, plusieurs assureurs ont pris la décision de stopper la souscription de couverture annulation voyage. « Nous avons pris la décision difficile de faire une pause dans la vente d'assurances de voyage pour les nouveaux clients », a indiqué le groupe LV=. Ce dernier affirme que sur les deux dernières semaines, le nombre de police vendues a été doublé, alors même que le risque d'annulation devient certain. De son côté Aviva a opéré par petites touches en supprimant les ventes d'assurances voyage pour des destinations précises dans les pays d'Europe les plus touchés, plus particulièrement en Italie. De leur côté, les assisteurs se mettent en ordre de marche pour assurer la continuité de leur service.
Incertitudes sur l'annulation d'évènements
Avec l'interdiction des rassemblements de moins de 100 personnes, les évènements sont annulés en cascade. « Nous assurons des évènements, mais il est encore trop tôt pour connaître l'impact », souligne le directeur général de Groupama. « Il risque d'y avoir des gestions de dossier compliquées du fait de la reconnaissance de la force majeure », avertit David Dubois
Moins de sinistralité en automobile
Qui dit moins de déplacement, dit moins de sinistralité en automobile. « Les gens sont incités à travailler depuis chez eux et à limiter leur déplacement. On pourrait finalement observer une baisse de la fréquence en automobile », estime Thierry Martel.
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