Dans les années 2005-2010, au moment des grandes réflexions sur le lancement d’un chantier du financement de la dépendance on aurait pu croire que l’assurance dépendance serait collective.
Eiffage, Thalès, et même Axa… Une poignée de grands groupes se sont lancés sur le collectif, en mettant en place des couvertures dépendance destinées à couvrir leurs salariés contre le risque de perte d’autonomie. Plusieurs branches professionnelles (bijoutiers, jeux et jouets, poissonniers, personnels des cabinets d’avocats, experts automobiles…) ont aussi franchi le pas. Après ces quelques initiatives qui ne concernent à chaque fois que quelques milliers ou quelques dizaines de milliers de salariés, il paraît difficile d’affirmer aujourd’hui que l’assurance dépendance collective a vraiment de l’avenir, à moins qu’un prochain gouvernement ne décide de doper son développement ou qu’une aide fiscale ne la pousse.
L’année 2015 « n’a pas été favorable à l’équipement des entreprises en garantie perte d’autonomie ; aucun contrat significatif n’a été vendu », relève ainsi le plus récent rapport annuel de l’OCIRP. Les assureurs ne parviennent pas à convaincre les employeurs de souscrire une garantie dépendance pour protéger les salariés d’un risque lointain, qui les concernera quand ils seront à la retraite et ne feront plus partie de l’entreprise.
Bien plus que la dépendance, c’est l’aide aux aidants de personnes dépendantes, dont les entreprises veulent bien se préoccuper. Car l’assurance dépendance couvre des personnes âgées, et retraitées. Alors que l’aidant est bien souvent un salarié. Environ 15% d’entre eux aident un proche, malade, en situation de handicap ou âgé dépendant.
L’employeur qu’est Axa, est d’ailleurs un des premiers à avoir pris conscience de cette problématique. En se dotant d’un contrat dépendance en 2009, l’assureur a doublé le contrat d’une prestation pour les salariés aidants. Proposé par Axa Assistance, ce service consiste à aiguiller les aidants vers les bons interlocuteurs pour demander aides et assistances. Depuis, l’idée a fait florès.
Désormais, c’est donc l’aide aux aidants qui prévaut. Tous les groupes de protection sociale affichent leur volonté de se distinguer dans ce domaine. La loi d’adaptation de la société au vieillissement adoptée en décembre 2015 conforte cette approche, en ne traitant rien de l’assurance dépendance mais en proposant une meilleure reconnaissance des aidants familiaux et la mise en place d’un congé spécifique. Dans le cadre des accords conciliation vie professionnelle vie privée, les employeurs sont de plus en plus nombreux à se pencher sur le sujet de l’aide aux aidants. Ce que n’a pas manqué de relever un acteur hors de l’assurance et de l’assistance, Responsage.
Cette plateforme créée fin 2012 s’est positionnée sur le seul créneau du conseil et de l’orientation du salarié en situation d’aidants. Elle est parvenue à vendre ses services à 25 grandes entreprises employant au total plus de 100.000 salariés. Son fondateur Joël Riou espère franchir le cap des 200.000 salariés d'ici la fin d’année.
Un signe qui ne trompe pas sur la capacité de la plateforme à proposer un service différent de ce que proposent assureurs et assisteurs : deux assureurs ont mis en place à l’automne dernier un service d’aide pour leurs salariés aidants et font appel pour cela à Responsage.
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