Dépendance : Parité Assurance confronte les positions des assureurs

lundi 31 août 2020
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L’association Parité Assurance a publié la deuxième édition du Livre blanc sur la dépendance. Cet ouvrage collectif réunit 17 points de vue différents et complémentaires sur la prise en charge des personnes en perte d’autonomie.

La dépendance est au premier chef des préoccupations des femmes. Et pour cause, elles sont plus nombreuses à la fois parmi les aidants et parmi les personnes en perte d’autonomie. A l’heure où la nouvelle branche Autonomie vient d’être créée, l’association pour la promotion des femmes dans l’assurance Parité Assurances a souhaité s’inscrire dans le débat.

Cette deuxième édition du Livre blanc sur la dépendance aborde les différents aspects de la prise en charge : le choix de l’habitat (maintien au domicile, établissement) ; l’accompagnement des personnes dépendantes (aidants familiaux, métiers du soin, assistance et services dédiés) ; le financement du risque et les garanties proposées par l’assurance privée. Concernant l’assurance dépendance, l’ouvrage révèle encore une fois les divergences entre les assureurs. Certains prônent une assurance dépendance obligatoire. D'autres préfèrent une assurance facultative.

Parmi les contributeurs, l’ouvrage réunit des dirigeants du secteur comme Catherine Touvrey, directrice générale d’Harmonie Mutuelle, André Renaudin, directeur général d’AG2R La Mondiale, Dominique Joseph, secrétaire générale de la Mutualité Française, Isabelle Hébert, directrice de la stratégie, du digital, du marketing et de la relation client d’AG2R La Mondiale ou Pierre Mayeur, directeur général de l’Ocirp.

Hélène Brébant, directrice de la BU Assistance aux personnes de Filassistance, préconise : « La généralisation d’une garantie dépendance telle que défendue par les instances représentatives des assureurs et des mutuelles (FFA et FNMF notamment), pourrait être complétée par une valorisation des prestations d’assistance : celles-ci permettront d’accompagner les bénéficiaires et leurs proches, au-delà de la seule vision assurantielle ».

Priorité aux aidants pour le CTIP

Marie-Laure Dreyfuss, déléguée générale du CTIP, souligne l’importance des deux millions d’aidants salariés et salue l’indemnisation du congé de proche aidant et l’obligation pour les entreprises d’intégrer dans la négociation collective, la prise en compte de l’équilibre vie privée et vie professionnelle.

Audrey Berling-Eeckhout, associée d’Opusline, soutient le développement de l’Ehpad hors les murs pour permettre aux personnes âgées dépendantes de bénéficier à domicile des services et des technologies disponibles en Ehpad. « Les organismes complémentaires qui possèdent déjà des Ehpad classiques, ont l’opportunité de développer des offres transitoires vers leurs établissements », suggère la consultante.

Penser l'assurance dépendance comme l'assurance santé

Josette Guéniau, associée du cabinet Joxa, propose de créer une assurance complémentaire dépendance. Elle viendrait compléter la prestation publique de la nouvelle branche autonomie. Le régime de base pourrait définir une nomenclature de services ouvrant droit à prise en charge financière. Un autre modèle consisterait à accréditer des organismes et professionnels par une autorité indépendante.

Un troisième modèle reposerait sur l’instauration de tarifs de base par prestation, afin de définir un prix moyen acceptable pour chaque prestation. L’intervention de la solidarité nationale dépendrait de la lourdeur du cas, définie sur des critères physiques, sociaux et financiers, comme pour la CSS en santé. Josette Guéniau recommande en revanche que l’assurance privé demeure facultative pour les entreprises.

Elle suggère aussi d’adosser cette garantie dépendance en option des contrats complémentaire santé. Ces derniers se concentreraient exclusivement sur le gros risque. Cela permettrait de faire des économies sur le petit risque et de rendre la cotisation acceptable. Elle demande de ne pas intégrer de ticket modérateur ni de base de remboursement sur les prestations de dépendance et de permettre aux organismes complémentaires de créer des réseaux de professionnels.

Concernant les services, Isabelle Hébert, de son côté, écrit : « Pour être silver-utile, peut-être devrions-nous arrêter de créer de nouveaux services et plutôt articuler et expliquer, connecter et APé-ISER les existants pour simplifier l’expérience de vie ».

Réduire le reste à charge des familles

Dominique Joseph, secrétaire général de la Mutualité Française, pour sa part, milite pour la baisse du reste à charge des familles. Pierre Mayeur, à son tour, défend l’idée d’une assurance privée facultative tout au long de la vie pour limiter le reste à charge en cas de dépendance lourde, dans l’objectif de protéger le patrimoine des classes moyennes. Il propose de présenter l’assurance dépendance comme une assurance sur le patrimoine.

Catherine Touvrey soutient l’idée portée par le groupe Vyv et la Mutualité Française de créer une assurance perte d’autonomie complémentaire, adossée à un dispositif public. Le risque serait mutualisé entre l’ensemble des acteurs au travers d’un pool d’assurance. « Ce pool pourrait être réassuré par les pouvoirs publics », propose-t-elle. Ce dispositif permettrait d’allouer aux personnes atteintes de dépendance totale une rente dépendance allant de 300 à 500 euros par mois. Au total, il dégagerait 5 milliards d'euros de prestations dépendance par an. Pour ce faire, les personnes couvertes par une complémentaire santé devraient commencer à cotiser quelques euros par mois à partir de 45 ans environ.

Pour répondre à la dépendance partielle, Catherine Touvrey propose en plus de « favoriser le développement d’une couverture complémentaire facultative pour la prestation de la perte d’autonomie et son accompagnement (services, financement) ». La DG d’Harmonie annonce également qu’en 2020 le groupe Vyv intègrera « la prise en charge du maintien de salaire pour le congé proche aidants – indemnisé forfaitairement à 43 €/jour au 1er janvier 2020 – ainsi que des services d’assistance ».

Par ailleurs, le groupe Vyv réfléchit à des formules innovantes de viager afin de mobiliser le patrimoine immobilier en cas de dépendance. Le groupe Vyv souhaite élaborer l’offre de services à partir de moments de vie. Parmi tous les moments de vie, le groupe mutualiste a choisi en premier l’accompagnement d’une personne âgée dépendante par un aidant. Vyv est en train d’élaborer « une plateforme autonomie qui vise à apporter une réponse pour un diagnostic et l’orientation de la personne fragile », annonce Catherine Touvrey.

A l'opposé de cet idée d'assurance universelle et obligatoire adossée à la complémentaire santé, André Renaudin, martèle son mantra : « Actif, je cotise pour ma retraite ; retraité, je me prépare au risque de dépendance ». Le dirigeant d'AG2R La Mondiale considère en effet que « faire payer les jeunes pour le grand âge pourrait apparaître comme injuste car ils sont déjà suffisamment sollicités ».

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