Edito : « Solidarité » qu'ils disaient

mardi 14 juin 2011
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L'heure est grave, sur plusieurs fronts. La Grèce va mal, sa dette fait trembler les marchés et les assureurs, en interne, ne sont pas forcément aussi sereins qu'ils veulent bien nous le faire croire. Solidarité européenne avec une économie en danger. Les salariés pourraient perdre un nouveau jour chômé au profit de la dépendance. Solidarité avec les personnes âgées, installée depuis 2003 et battue en brèche en 2008 avec l'instauration des fermetures administratives (à rattraper en temps de travail, mais bien effectives).

Voici deux beaux sujets, à l'heure du bac de philo qui marque le début de la folle semaine des lycéens et qui se tiendra jeudi. Mais loin de moi l'idée de disserter. L'économie et la finance ne laissent qu'une place infime à la philosophie.

Solidarité avec la Grèce, qui va mal, comme précisé plus haut. Ce n'est pas une surprise, et la situation ne serait pas si catastrophique,  « pas plus que l'Irlande qui nous inquiète beaucoup, tant la dette privée est élevée également » confiait, en conférence de presse, la directrice « finances » d'un assureur. Allons bon, peut-être que nous ne nous focalisons pas sur le bon pays ?

Qu'à cela ne tienne, nous regarderons aussi l'Irlande. « Mais nos expositions dans ces pays sont : symboliques/mineures/faibles » (rayer la mention inutile) répondent à l'unanimité nos contacts. Et pour cause, quand vous gérez des milliards d'euros, quelques millions, ça ne représente pas beaucoup... Sauf pour l'image peut-être ? Ou pour les assurés à qui cet argent appartient ? Ou pour l'économie globalisée ? Pour les marchés financiers, ce qui affecteraient les autres actifs ?

A l'heure d'un reprofilage/roll-over/rééchelonnement (rayer la mention inutile) de la dite dette, il se pourrait quand même bien que les assureurs, investisseurs à grande échelle, y laissent quelques plumes, et doivent finalement faire preuve de solidarité. Que voulez vous, la politique a ses raisons que l'économie ne connaît pas. Solidarité des entreprises avec la dette grecque, et il sera difficile de me faire imaginer le contraire.

Solidarité avec les agriculteurs et la sécheresse. Ah non pardon, ça c'était il y a deux semaines et comme il pleut, le sujet est un peu retombé. Même si ça devrait coûter cher aux assureurs, comme annoncé par Moody's. Ces agences de notation, que les assureurs (et bon nombre d'autres entreprises) rétribuent pour ensuite les voir leur tomber dessus gagnent en notoriété en ce moment.

Solidarité avec les personnes âgées, solidarité avec la dépendance. Sur ce point, TOUS les assureurs sont prêts à se montrer plus solidaires avec les Français pour la dépendance. Avec de belles garanties, des services à la personne... Les salariés de l'assurance l'ont aussi été hier. Les couloirs de quelques grandes entreprises sonnaient en effet un peu creux. La solidarité des salariés qui ont donné un jour de congé pour récupérer un jour férié est un concept qui pourrait se développer, car appelé de ses vœux par quelques parlementaires. Bon, à quelques mois de l'élection présidentielle, il faut admettre que ça a très peu de chances de se faire.

La solidarité a ses limites. Mais la solidarité, en fait, c'est politique.

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