Mille milliards de mille sabordages. Le Hcaam a remis sa copie sur l'articulation entre assurance maladie obligatoire et organisme complémentaire vendredi dernier. Si quatre scénarios sont passés au crible, c'est bien celui de la Grande Sécu qui aura cristallisé les critiques ces derniers mois. Un scénario, défendu par Jean-Luc Mélenchon, candidat de la gauche radicale, lors de la campagne présidentielle de 2017 et poussé en sous-marin, cet été, par les services du ministère de la Santé et des Solidarités. Un scénario décrédibilisé à l'automne par une fuite intempestive dans la presse et qui aura jeté l'opprobre sur tout le reste des travaux menés par le Haut comité.
Beaucoup se sont interrogés sur ce piratage du pré-rapport et plus particulièrement du chiffrage du 100% Sécu. Certains y ont vu une flibusterie du ministère de l'Economie, des Finances et de la Relance. Positionné contre le tout Sécu, Bercy aurait torpillé l'avenue Duquesne.
Quoi qu'il en soit, le secteur de l'assurance a peu goûté à ces divulgations et a vu là une occasion rare de partir à l'abordage d'Olivier Véran. Le ministre qui n'apprécie guère les complémentaires s'est retrouvé sous le feu nourri des assureurs santé. L'espace d'une séquence médiatique on se serait cru à l'époque de Marisol Touraine qui avait réussi le tour de force de rassembler toutes les familles de l'assurance contre elle durant ses années au ministère de la Santé.
Face aux levées de boucliers, le président de la République a dû intervenir. Pour Emmanuel Macron, le 100% Sécu ce sera finalement Tintin ! Du moins pour l'instant. Car si le projet de Grande Sécu est bel et bien enterré, rien ne dit qu'un candidat à la présidence de la République ou un futur ministre de la Santé ne retombera pas sur une carte marquée d'un X indiquant où il faut creuser pour ressortir les pistes du Hcaam. Les assureurs santé feraient bien de rester sur le pont s'ils ne veulent pas se faire détrousser de leurs ressources.
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