Qu'elles semblent loin les larmes de joie et de soulagement de Laurent Fabius. La gorge serrée, le président de la Cop21 présentait, en 2015, un texte ouvrant la voie à un nouveau paradigme environnemental signé par quelque 195 pays. Parmi eux, deux des plus grands Etats pollueurs de la planète, la Chine et les Etats-Unis, ratifiaient l'accord de Paris visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d'ici 2100.
Mais le rapport du Giec, dévoilé au mois d'août dernier, a ramené tout le monde sur Terre. « Le monde est sur le chemin catastrophique vers 2,7°C de réchauffement d'ici la fin du siècle », souligne le groupement de scientifiques. Les promesses des Etats n'ont finalement engagé que ceux qui les ont crues. Six ans plus tard, las, le même Laurent Fabius appelle les signataires de l'Accord de Paris à passer à l'action.
Les institutions financières aussi sont sous les projecteurs. Leurs annonces sont scrutées, analysées et parfois critiquées. Beaucoup ont pris des engagements sur les énergies fossiles. Et en ce Climate Finance Day, les communications fusent. Mais pour les plus gros détenteurs d'actifs, la route sera sinueuse, complexe et longue. Trop longue surement. Mais elle a au moins le mérite d'être tracée et de se matérialiser dans les chiffres.
En ces jours décisifs pour le climat, la FFA a en effet fait le point. 5% des actifs gérés par ses membres (hors UC) sont des placements verts. C'est encore trop peu, mais la tendance s'accélère (+31%) sur un an. En maintenant ce rythme, il faudra 11 ans aux assureurs pour atteindre les 100%. Les assureurs ont évidemment une carte et un rôle à jouer pour retrouver le chemin entraperçu à Paris en 2015. Mais sur un tel défi, seuls, il pèseront peu dans la balance mondiale du carbone. Les enjeux de la Cop26 qui a démarré ce 31 octobre à Glasgow sont donc colossaux. Car sans réelle prise de conscience des Etats, nous n'aurons plus que nos yeux pour pleurer. Mais cette fois-ci, ce ne seront pas des larmes de joie.
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