Le coût des traitements contre l'hépatite C, le cancer ou le diabète a quadruplé ces dernières années. Le renchérissement des traitements des maladies graves provoque une concentration des dépenses de santé de l'Assurance maladie sur les pathologies les plus lourdes.
Le vieillissement de la population et la multiplication des maladies chroniques sont souvent évoqués pour expliquer la hausse tendancielle des dépenses de santé. Mais le coût des médicaments utilisés pour les pathologies les plus graves a fortement augmenté les dernières années. L'Assurance maladie supporte seule le coût de ces traitements, qui prennent de plus en plus de place dans les dépenses de santé.
Parallèlement, le gouvernement souhaite renforcer le remboursement des soins courants comme l'optique, le dentaire et l'audioprothèse dans le cadre du 100% santé. Si l'Assurance maladie a pour ambition de tout rembourser, des arbitrages seront forcément nécessaires les prochaines années entre le régime obligatoire et complémentaire.
La problématique des traitements coûteux est apparue en 2014 suite au lancement d'un nouveau traitement contre l'hépatite C, le sofosbuvir. Jusqu'en 2011, le traitement de référence coûtait environ 5.000 euros. Le traitement par sofosbuvir coûtait initialement 60.000 euros. Après négociation entre le laboratoire pharmaceutique et l'Assurance maladie, il est passé à 41.000 euros (prix facial).
Le prix des traitements contre le cancer ont également augmenté ces dernières années. Une chimiothérapie classique coûte entre 5 000 et 10 000 €, tandis qu'une thérapie ciblée, qui s’attaque à certaines mutations génétiques, monte à environ 50.000 € et une immunothérapie, qui agit principalement sur le système immunitaire du patient pour lui permettre d’attaquer les cellules cancéreuses, oscille entre 65.000 € et 75.000 €, voire plus de 100.000 € aux Etats-Unis. Ces traitements ont prouvé leur efficacité, même dans des cas bien avancés, et semblent assurer des rémissions spectaculaires.
Mais la croissance du coût des médicaments ne se limite pas à l'hépatite C et au cancer. Elle concerne également des maladies inflammatoires assez répandues comme la maladie de Crohn, la rectocolite hémorragique, la polyarthrite rhumatoïde, etc. Le traitement de ces maladies coûte environ 1.000 euros par mois, tandis qu'auparavant il ne coûtait que 30 euros par mois. Les nouveaux traitements de la diabète qui touche 3,5 millions de personnes en France coûtent environ 100 euros par mois. Les anciens traitements ne coûtaient que 24 euros pour 4 mois.
A cette hausse du prix, il faut ajouter un effet volume. En effet, chaque année, la France enregistre 400.000 nouveaux cas de cancers, 200.000 nouveaux cas de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin et 300.000 nouveaux cas d’hépatites C.
« Si les progrès thérapeutiques obtenus grâce à ces médicaments coûteux sont indéniables, il convient de se préoccuper de l’arrivée prématurée de nombre de ces traitements, notamment sous l’influence des associations de patients », s'inquiète Dominique Polton, présidente de l'Institut national des données de santé.
« Nous n’en sommes plus à l’époque où n’étaient remboursés que les médicaments pour lesquels étaient disponibles des essais randomisés contrôlés prouvant l’efficacité et la tolérance des produits. Les traitements sont souvent mis à la disposition des patients alors que certaines incertitudes relatives aux médicaments ne sont pas levées », conclut-t-elle.
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