Frédéric Roullier (Humanis) : "Le pessimisme sur les retraites est déconnecté de la réalité"
Du 23 au 28 mai, l’Agirc-Arrco et les groupes de protection sociale donnent rendez-vous aux actifs dans 15 villes de l’Hexagone afin de répondre à leurs interrogations sur leur retraite future. Humanis prend part à ces « Rendez-vous de la retraite » les 26 et 27 mai à Lille et à Blois. L’occasion de revenir sur l’accord Agirc-Arrco du 30 octobre 2015 avec Frédéric Roullier, directeur Retraite du groupe.
News Assurances Pro : Quelles sont les principales mesures de l’accord Agirc-Arrco du 15 octobre 2015 ?
Frédéric Roullier : A partir de 2019, il y aura une hausse des cotisations à 17 % pour la part des salaires supérieure à 3 200 € par mois. Parallèlement, les retraites complémentaires seront toujours réévaluées en fonction de l’inflation moins 1 % afin de répartir l’effort entre actifs et retraités sans, pour autant, que l’évolution des pensions puisse être négative. Cette dernière sera donc plus mesurée. Il ne faut pas oublier que l’inflation a été de – 0,5 % en 2014 et que les pensions auraient pu être diminuées. De plus, des mesures incitant à rester plus longtemps en activité sont mises en place. A partir de 2019, ceux qui partiront à l’âge légal auront un abattement de leur retraite complémentaire de 10 % pendant trois ans. Les bas salaires (non éligibles à la CSG) ne pâtiront pas de cet abattement. Les personnes qui décaleront leur entrée en retraite de quatre trimestres acquerront des droits supplémentaires et n’auront aucun abattement. Un décalage de quatre trimestres supplémentaires permettra d’obtenir à la fois de nouveaux points et un bonus de 10 % applicable un an. Avec ces décisions, il me semble qu’une réflexion est à mener sur les retraites progressives et le cumul emploi-retraite.
NAP : L’idée selon laquelle les retraites vont baisser est largement répandue parmi les Français. Font-ils preuve de pessimisme à cet égard ?
F.R. : Oui. Et ce pessimisme est déconnecté de la réalité de l’efficience du système. Tous les modèles de retraite, par répartition comme par capitalisation, sont soumis aux contraintes démographiques et aux aléas économiques. Après la crise de 2008, les pensions de retraite des Irlandais, basées sur la capitalisation, ont diminué de 40 %. Dans le même temps, celles des Français ont été simplement gelées et le système a tenu bon. A l’inverse du régime obligatoire, les caisses Agirc-Arrco ne peuvent s’endetter et elles disposent de 60 Md€ en réserve. Elles établissent des projections en se fondant sur des hypothèses plus prudentielles que celles du Conseil d’Orientation des Retraites afin d’avoir la certitude de parer à toute situation. Si l’accord du 30 octobre ne règle pas tout, il permet d’être serein pour les 15 à 20 années à venir. Par la suite, on ne peut anticiper...
NAP : L’accord prévoit un régime unifié de retraite complémentaire entre l’Agirc et l’Arrco. Cette unification interviendra-t-elle au détriment des non-cadres puisque les réserves de l’Arrco sont plus élevées ?
F.R. : C’est une perception fausse car les cadres cotisent non seulement à l’Agirc mais aussi à l’Arrco. Ces droits contributifs viennent s’ajouter à ceux acquis à l’Arrco. Le taux de remplacement des non cadres est en moyenne de 72 à 75 %. A la retraite, un cadre ayant eu un haut revenu perçoit environ 50 % du salaire reçu en fin de carrière si celle-ci a été linéaire. Le système français permet de garantir des niveaux de pensions élevés et, en moyenne, les retraités vivent mieux que les actifs.
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