Longtemps timides en matière d’investissements durables, les mutuelles ont accéléré le pas. Fin 2022, elles ont investi 1.003Mds de dollars, contre 759Mds de dollars un an auparavant, selon les chiffres de l'Icmif.

Le réchauffement climatique est plus que jamais au centre des préoccupations des décideurs publics. Un enjeu qui touche l’ensemble des industries. Aussi, « le secteur de l’assurance a un rôle majeur à jouer dans la lutte contre le changement climatique », lançait Shaun Tarbuck, directeur général de l’Icmif en octobre 2022. Sans quoi, « il n’y aura peut-être plus de secteur de l’assurance d’ici 2050 », a-t-il alerté Et alors que « l’ère du réchauffement climatique laisse {aujourd’hui} place à l’ébullition mondiale », selon António Guterres, secrétaire général des Nations Unies, il n’en fallait pas plus pour convaincre les acteurs du secteur y compris les mutuelles pour agir.

En retard en matière de digitalisation, elles sont sur le pont en termes d’investissement durable. Selon une étude de l’Icmif* (International cooperative and mutual insurance federation), elles ont investi 1.003Mds de dollars de leurs actifs sous gestions sur des fonds verts à fin 2022, contre 759Mds de dollars un an auparavant. Cela représente 79% de leurs actifs sous gestion, en hausse de 28 points sur un an.

Une ascension fulgurante

En 2022, 60% des membres de l’Icmif ont déclaré investir dans des placements à impact, ce qui représente 5 points de plus qu’en 2021. De l’étude ressort un constat impressionnant. En effet, en l’espace d’un an, le niveau des encours a connu une ascension fulgurante puisqu’il a été propulsé à 105,6Mds de dollars, contre 15,6Mds de dollars. « L'enquête de cette année a montré que cinq membres ont des investissements d'impact qui dépassent 10% de leurs propres actifs sous gestion, contre trois membres l'année dernière. Un membre, en particulier, a indiqué que ses investissements à impact représentaient 67,9% de ses actifs sous gestion », indique l’Icmif.

Dans le détail, les investisseurs jettent leur dévolu sur les obligations vertes. En 2022, ils ont investi 18,3Mds de dollars dans ce type de placement, contre 5,6Mds de dollars dans les projets d’énergie renouvelable. Pour l’Icmif, ce désamour pourrait s’expliquer par le fait que « les membres trouvaient difficile d'analyser les investissements dans cette catégorie car il y avait un certain nombre d'incohérences d'une année à l'autre ».

Quoi qu’il en soit, les membres de l’Icmif semblent de plus en plus alignés avec l'Accord de Paris signé par 196 pays en 2015. Selon l'étude, 46% des mutuelles ont déclaré avoir pris des engagements carbone neutres, contre 37% un an plus tôt. Si cette avancée est honorable, elle n'est pas suffisante pour atteindre « l'objectif de 1,5 degré de réchauffement, même s’il reste l’objectif mondial officiel », indique l'Icmif.

*L’étude a été réalisée auprès de 35 membres de l’Icmif, représentant 74,4% des actifs sous gestion.