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L’Afrique met l’assurance dans tous ses États

jeudi 7 février 2019
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En pleine métamorphose, le continent africain tente de se structurer à mesure qu’il se développe. Entre investissements d’ampleur et réglementation resserrée, courtiers et assureurs doivent adapter leurs stratégies pour y conserver ou prendre des parts de marché.

Avec un marché de l’assurance estimé fin 2017 à 67 milliards de dollars de primes (45 milliards en vie et 22 milliards en non-vie) selon Swiss Re, l’Afrique demeure toujours le continent le moins productif de l’assurance, avec à peine 1,5% des primes totales souscrites dans le monde. Pourtant la zone demeure un terrain de jeu historique pour assureurs et courtiers, entre acteurs locaux fins connaisseurs du marché et porteurs de risques globaux en mal de diversification. Mais devant une réglementation qui se structure et qui tend à protéger les opérateurs régionaux, les forces en présence se réorganisent.

D’abord, le géant sud-africain Sanlam a finalisé fin 2018 l’acquisition de Saham Group, l’autre mastodonte du continent. Résultat, la complémentarité des deux compagnies permet une présence, toutes licences confondues, dans 33 pays sur les 54 que compte l’Afrique. « Le groupe allie aujourd’hui un certain nombre de points forts : d’abord une puissance financière importante avec un volume d’affaires nouvelles de 19,5 milliards de dollars et un résultat opérationnel de 1,15 milliard de dollars », indique David Vigier, directeur commercial et développement, et membre du comité de direction de Saham Group avant d’ajouter : « Les marchés africains ne sont pas vierges, mais les acteurs régionaux y restent fragiles. Ce qui est notoire, c’est que pour les 14 pays de la zone CIMA, la hausse des exigences de capitalisation demandées par les régulateurs et qui doivent intervenir en juin prochain vont changer la donne ».

Ainsi, face aux acteurs africains traditionnels et régionaux (Sunu, NSIA, Activa, etc), dont certains vont avoir du mal à lever les fonds nécessaires pour se recapitaliser avant juin 2019, les Européens comme Allianz, pour qui la question du retour sur capital attendu sur ce marché n’est pas aussi élevé qu’attendu, revoient leurs stratégies. C’est ainsi, qu’Allianz Africa aurait décidé, il y a quelques mois, de céder à Sunu cinq de ses filiales africaines. « Dans ce contexte, nous anticipons des mouvements durant les renouvellements de programmes africains, avec un certain nombre d’opportunités de croissances organiques qui vont nous échoir. De plus, si certains opérateurs se retirent ou ne peuvent pas se recapitaliser, il y aura sans nul doute des opportunités de M&A et des mouvements de portefeuille », poursuit David Vigier.

Des courtiers aux aguets

Côté courtage, là aussi les cartes sont rebattues. Mi-2018, Gras Savoye, historiquement présent dans près de 30 pays sur le continent, a sérieusement réduit la voilure. Le courtier n’opère désormais plus que dans 14 pays sous la marque Willis Towers Watson (WTW), préférant les partenariats stratégiques et les opérations via des correspondants, plutôt que des engagements directs avec des filiales.

Aux côtés de l’autre courtier historique Ascoma, le petit dernier Oléa poursuit son développement. « L’année 2018 a été une année importante, conforme à la feuille de route que nous nous étions fixée, tant en terme de déploiement géographique que de développement commercial – le groupe Vilgrain Somdiaa, la BU Afrique d’Engie ou encore les groupes Bolloré & Vivendi dont nous assurons le servicing, nous font désormais confiance pour les accompagner sur le continent », indique Olivier Dubois, son directeur général et co-fondateur.

« Aujourd’hui, nous évoluons sur un marché en pleine mutation, où il n’est plus possible de recréer un réseau de courtage africain s’appuyant essentiellement sur des clients français ou occidentaux. Le poids relatif de la France s’est sensiblement réduit, désormais concurrencée par la Chine, l’Inde, la Russie, la Turquie ou l’Indonésie, sans oublier le développement des champions africains amplifiant le renforcement des relations sud-sud. Oléa est désormais, le correspondant en Afrique de grands courtiers internationaux comme Siaci Saint Honoré, partenaire de référence, mais aussi Lockton, Gallagher, Alesco, JLT ou encore dernièrement Marsh », poursuit de son côté Olivier Canuel, directeur général adjoint et co-fondateur du courtier.

Le courtier panafricain, qui opère en parallèle avec des correspondants dans une quinzaine d’autres pays, travaille notamment avec Théorème, l’un de ses actionnaires minoritaires après son apport d’Afrikassur. « Nous avons conservé cette participation qui nous permet de rester dans une logique de réseau en Afrique, aux cotés des implantations de Wing (Maroc et Afrique du sud). Oléa nous apporte des solutions sur quelques affaires, sur des clients à petite dimension avec des intérêts en France et en Afrique », expliquait il y a quelques jours dans nos colonnes Pierre Marchon, le directeur général adjoint du courtier tricolore.

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