Philippe Maso (Ornikar) : "Nous visons les 300.000 polices à horizon 2027"

INTERVIEW - En lançant en avril une assurance auto dédiée aux jeunes conducteurs, Ornikar mise sur une sélection des risques singulière et une tarification en deçà du marché. Pour News Assurance Pro, son CEO, Philippe Maso y Guell Rivet, revient en détails sur le déploiement et les objectifs de cette offre et sur la volonté de l'entreprise de se diversifier.

Comment l’offre d’assurance Ornikar est-elle distribuée et quels profils vise-t-elle ?

Notre offre est commercialisée à la fois sur notre site internet (notamment via le trafic naturel alimenté par la publicité) et sur les comparateurs. Nous utilisons également de manière raisonnée les mots clés Google pour capter un peu de flux.

C’est une offre destinée au grand public mais elle vise d'abord la clientèle spontanée (actuelle et historique) d’Ornikar, détentrice du permis de conduire, c’est-à-dire près de 3 millions de personnes. Parmi les candidats au permis, la moyenne d’âge est de 25 ans (en Ile-de-France) et 20% ont plus de 30 ans, avec des profils à la fois urbains, péri-urbains ou ruraux. Nous avons également une relation naturelle avec les parents ou les grands parents qui financent à 80% le permis des jeunes conducteurs.

Quel est aujourd’hui le positionnement d’Ornikar Assurance ?

À sa création en 2021, Ornikar Assurance était positionné comme un courtier avec la difficulté de maîtriser sur l’ensemble de la chaîne déléguée la souscription et la gestion de sinistres.

Comment s'opère la sélection des risques en amont de la souscription ?

Les assureurs traditionnels doivent surtarifer les jeunes conducteurs, car ils n’ont pas d’information sur cette population qui n’a jamais conduit. Ils doivent travailler à l’aveugle pendant des années à "dépoussiérer" ces risques, qu’ils apprennent à connaître progressivement.

Notre approche est différente et s’appuie d’abord sur notre connaissance immédiate de l’aspect psychologique et l’appétence au risque sur la route des nouveaux conducteurs. Concrètement, nos élèves conducteurs passent des mois à nos côtés. Nous essayons alors de comprendre, notamment grâce à la data fournie par les outils d’aide à l’enseignement de la conduite, leur approche du risque et du danger routier. L’apprentissage du code de la route joue aussi, tout comme l’attitude et la réaction face aux échecs.

Nous pouvons ensuite corréler l’ensemble de ces éléments de compréhension de cet élève  aux critères traditionnels du marché auto. Cela nous permet in fine d’établir un tarif moyen 20 à 25% en dessous de ceux marché.

L’amélioration de la compréhension de ces jeunes conducteurs est aujourd’hui une innovation et la condition sine qua non pour transformer l’un des marchés retail les plus denses du secteur de l'assurance. Cela participe également à notre politique de souscription prudente dans le but de nous constituer un portefeuille sain.

Quels sont aujourd’hui les réassureurs qui travaillent à vos côtés ?

Aux côtés de Wakam, notre porteur de risques avec qui nous avons co-construit cette offre dans le temps, nous avons une quinzaine de réassureurs qui travaillent à nos côtés, avec un pool de réassureurs positionnés en quote-part (dont Scor et Munich Re) et un autre pool en "excess of loss".

Quels sont vos objectifs à plus ou moins long terme ?

Nous souhaitons rester en contrôle sur notre offre auto et nous nous sommes fixés comme objectif d’atteindre les 300 000 polices à horizon 2027. Par ailleurs, nous réfléchissons à diversifier notre offre en nous positionnant bientôt aussi sur de l’habitation ou du travel.

Nous sommes également en train de finaliser avec un très grand assureur un produit auto destiné aux risques aggravés pour lequel nous serons uniquement distributeur.