Roger Mainguy : "La croissance externe permet d'aller plus vite"
INTERVIEW - Récemment nommé PDG du pôle April Prévoyance Santé, Roger Mainguy revient sur les réformes en cours en épargne retraite et sur les ambitions du groupe en matière de croissance sur son segment de marché.
Comment accueillez-vous le produit Révavie présenté par la FFA ?
Les produits universels sont intéressants dans l'intention. Mais il faut toujours faire attention à la mise en pratique. Le point intéressant concerne la volonté de favoriser la sortie en rente, cependant les français ne le plébiscite pas à ce jour. Si on peut ramener les différents produits retraite dans une seule formule pourquoi pas. Il faudra en revanche analyser l'apport de l'option dépendance. Nous l'avions proposée dans l'un de nos produits santé individuelle. Elle a été peu souscrite. Et à partir de quel degré de dépendance sera-t-elle déclenchée ? Ce point sera également crucial.
N'y a-t-il pas un risque de transfert vers l'épargne pour conserver la possibilité d'une sortie en capital ?
Pour éviter ce biais, il faut un produit simple à comprendre, avec, idéalement, un avantage fiscal, comme pour le Perp par exemple.
Quelle valeur ajoutée des courtiers pour un produit qui concerne tout le monde et qui rassemble tout l'existant ?
Les produits « autoroute » laissent toujours des personnes sur le bord de la route. Ce sont ces populations qui nous intéressent. C'est le cas de l'assurance de prêt pour laquelle il reste possible de faire de la segmentation et de se différencier, sur la souscription, la gestion ou encore l'accompagnement. Nous devrons nous atteler à trouver des moyens d'apporter de la valeur ajoutée. Il faut s'adapter à cette tendance qui consiste à rendre tous les produits mass market.
Vos nouvelles fonctions de PDG d’April Prévoyance Santé prévoient un développement à l'international. Quelles sont les cibles ?
Sur mon périmètre, nous avons commencé en 2016 avec une société en Italie spécialiste de la gestion pour compte de tiers en assurance emprunteur. L'idée est de pouvoir exporter nos savoir-faire en emprunteur et en santé à l'international dans des pays qui ont des problématiques proches de celles de la France. Nous avons quelques cibles en Europe sur le marché de l'emprunteur. Mais également sur la santé locale. Et pour y parvenir, la croissance externe est un moyen d'aller plus vite.
En santé, le modèle français d'imbrication entre régime obligatoire et régime complémentaire est-il exportable ?
Le modèle français est particulier, mais dans de nombreux pays il existe un socle commun entre une prise en charge publique et une participation complémentaire de l'assurance. Une différence peut être la prégnance des réseaux de soins captifs des assureurs. En Espagne il est possible de choisir de passer par les établissements de soins publics, dans lesquels le temps d'attente est généralement plus long, ou par des réseaux appartenant aux assureurs complémentaires. En revanche, au Canada, le système est très proche du nôtre avec de l'assurance individuelle et de l'assurance collective souscrite par les entreprises.
Le marché en emprunteur commence-t-il à frémir depuis la décision du Conseil Constitutionnel ?
Les Français sont de plus en plus nombreux à être au courant des possibilités offertes par la loi Hamon. En 2017, 15% de nos affaires provenaient de la loi Hamon. Aujourd'hui, en y ajoutant les effets de l'amendement Bourquin, nous sommes plutôt à 20/25% des affaires nouvelles. Il reste toutefois encore quelques freins, notamment sur la notion de date anniversaire qui varie d'une banque à l'autre.
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