Santé : Arras met en place une mutuelle 'chti'

mardi 14 mars 2017
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[vc_row][vc_column][vc_column_text]REPORTAGE - La ville d’Arras (41.000 habitants) a signé un contrat avec la mutuelle Just (Fnim) concernant la mise en place d’une mutuelle communale à l’échelle de la ville. La mutuelle présidée par Philippe Mixe a remporté les contrats d’une centaine de municipalités dans les Hauts de France.

Sur les bancs de l’amphithéâtre du lycée Saint Charles d’Arras, les lycéens ont laissé la place aux retraités. Ils ont répondu à l’appel de la mairie pour participer à la réunion publique d’information sur la mise en place d’une mutuelle d’administrés. Le brouhaha devient de plus en plus audible lorsque les responsables de la mutuelle distribuent le tableau des garanties, imprimé au format A3. « C’est écrit trop petit ! », s’exclame une dame en retirant ses lunettes. Les habitants d’Arras et les employés municipaux auront le choix entre six niveaux de garantie, avec des tarifs différents en fonction de l’âge. Chacun se demande s’il peut payer moins cher et conserver le même niveau de garantie actuel. Les responsables de la mutuelle assurent que le potentiel d’économie est de 40%. « Vous avez un forfait bien-être pour des prestations non remboursées par la Sécurité sociale telles que l’ostéopathie ou des séances d’activité physique. Nous n’avons pas conçu une mutuelle low cost », indique Bruno Laplantine, directeur de développement de Just Mutuelle.

L’audience assiste à la signature que le maire conclut avec la mutuelle Just, qui a remporté l’appel à candidatures via son association Promut pour mettre en place la mutuelle communale d'Arras pendant 5 ans. Être constitué en association était une condition indispensable, mentionnée dans le cahier des charges. Promut l’a remporté face au courtier Mandarine, à Apreva, qui n’avait pas de structure associative intermédiaire, et Solidaires Assur, dont le dossier était incomplet. « C’était important pour nous de travailler avec une mutuelle qui a une démarche solidaire, de discuter avec un prestataire qui n’est pas là pour négocier sa marge mais pour rendre un service », précise Frédéric Leturque, maire d’Arras.

Cible senior et plus si affinité

« Nous avons fait une analyse des besoins sociaux de la ville et nous nous sommes rendus compte que 819 personnes n’avaient pas de complémentaire santé », affirme Nicole Canlers, vice-présidente du centre communal d’action sociale de la ville d’Arras. Celle qui est également conseillère municipale déléguée à l’action sociale confirme que l’absence de mutuelle concerne « des personnes en grande difficulté, des travailleurs à temps partiel, des étudiants et des fonctionnaires municipaux travaillant à temps partiel, et des personnes âgées, bien évidemment ».

Le maire précise qu’aujourd’hui plus de 15% des Arrageois ont entre 60 et 79 ans et que 5% de la population a plus de 80 ans. Pour Philippe Mixe, président de Just, la mutuelle devrait brasser un public plus large : « Des jeunes, des sans-emploi, des travailleurs non salariés, des ayant droit des salariés du secteur privé, et des personnes âgées, bien sûr ». La diversité du portefeuille est un des principaux écueils des mutuelles communales : « Malheureusement, on a parqué des gens dans des cases prédéfinies et il n’y a plus de vraie solidarité intergénérationnelle. Mais plus les jeunes adhéreront au dispositif, plus ce sera positif pour tous ! »

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Encadrer l'augmentation des tarifs

Le manque de solidarité intergénérationnelle a été la principale cause des augmentations de tarif fracassantes des premières mutuelles communales mises en place à Valenciennes et Chico. « Ce sont des cas douloureux ; nous n’avions pas obtenu la structure du portefeuille souhaité », explique Philippe Mixe. Suite à ces premières expériences, les tarifs ont été ajustés. Interrogé sur la pérennité des tarifs à Arras, Philippe Mixe tempère : « Pérennité ne veut pas dire éternité ! Nous ne savons pas de quoi l’avenir sera fait. Les nouvelles règlementations ou la décision de dérembourser un tel ou tel événement peuvent avoir des effets sur les tarifs ».

L’augmentation de la taille du portefeuille, composé aujourd’hui de 15.000 personnes protégées dans 100 communes différentes, permet également d'équilibrer le risque à plus grande échelle. Comme le souligne la Mutualité Française, « La limitation du champ de mutualisation de mutuelles communales fait courir un risque de déséquilibre des contrats, conçus à l’origine pour une vaste population intergénérationnelle. Pour préserver la pérennité de ces offres et éviter des réajustements de tarifs à la hausse, les modèles évoluent. On voit ainsi se développer des contrats qui s’adressent à de plus grands groupes (grandes villes, communautés de communes, voire département) ou qui organisent une mutualisation au niveau national ».

Jouer la carte locale

« C’est la fierté de la mutuelle de tout baser sur le réseau de proximité », indique son président à la tribune. « Comme vous voyez, notre numéro commence par 0321 », se targue-t-il. La mutuelle Just est créée de la fusion de la mutuelle arrageoise En famille et de la mutuelle Just’ensemble. Just soutien des clubs sportifs arrageois (rugby, tennis et foot) et a basé sa plateforme téléphonique à Valenciennes. Elle est ancrée sur le territoire avec ses 12 agences, dont une dans le centre historique d’Arras, et emploie une centaine de personnes dans la région.

Capacité de gestion

Suite à la mise en place des mutuelles communales, le nombre de personnes protégées par Just a augmenté de 1.500 personnes en deux ans. La mutuelle risque-t-elle d’être victime de son succès si l’avalanche de nouveaux assurés continue ? Certains participants à la réunion d’information ont fait part de leur difficulté à joindre la mutuelle au téléphone. Pour l’instant, l’augmentation des effectifs n’est pas évoquée par la direction, qui envisage plutôt une nouvelle organisation. « Nous avons mis en place un système assez complexe pour dérivés les appels vers la plateforme téléphonique de Valenciennes lorsque les conseillers en agence sont occupés », précise un cadre de la mutuelle.

La réunion se termine et les gens plient le tableau des garanties qu’ils étudieront calmement à la maison. « Il faudra se rendre à l’agence pour comparer le prix et les prestations de sa mutuelle actuelle avec celle proposée par la mairie ». André paie actuellement 2.870 par an pour se protéger lui même et sa femme. Il a déjà réduit de 1.100 euros sa cotisation annuelle en changeant de mutuelle il y a un an et espère désormais profiter de cette nouvelle.

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