Eric Lombard, président et directeur général de Generali France dresse le bilan 2016 du marché des entreprises pour le secteur de l'assurance. Il livre par ailleurs ses perspectives pour 2017.
Depuis plusieurs années déjà, les entreprises sont bousculées par un contexte instable qui s’est poursuivi en 2016 et s’annonce accentué en 2017. Comme prévu, la crise financière a engendré une crise économique et sociale qui aboutit à la crise politique que nous traversons et son cortège d’élections incertaines sinon improbables. La situation géopolitique mondiale est explosive, ce qui vient s’ajouter à des marchés durablement volatils, des taux d’intérêt qui achèvent leur baisse trentenaire et une inflation faible. Sans compter une concurrence accrue, parfois venue d’acteurs disruptifs qui rebattent les cartes du marché. Dans ce contexte en perpétuel mouvement, les entreprises font face à de nouveaux risques et adaptent rapidement leurs business model.
Pour les assureurs le défi est double : assurer leur propre transformation et accompagner les entreprises. Tout l’enjeu aujourd’hui pour les compagnies et les intermédiaires d’assurances est d’arriver à faire valoir leur valeur ajoutée dans un contexte de concurrence accrue et de pression sur les tarifs. Les problématiques sont multiples : évolutions réglementaires, accompagnement dans la mise en place de démarches de prévention des risques psycho-sociaux et de bien-être au travail, nouveaux risques…
Or, toutes les entreprises ne sont pas égales en matière de gestion des risques. Les grandes entreprises et les ETI disposent depuis longtemps déjà de services dédiés au risk management qui pratiquent une gestion globale du risque, incluant aussi bien ceux touchant les matériels classiques (locaux, machines, flottes de véhicule…) que les risques dits immatériels (image, marque, savoirs faire…). En revanche, les TPE et PME n’ont pas toujours les ressources nécessaires pour se doter d’une personne dédiée. Elles se protègent contre les risques matériels mais négligent trop souvent les risques immatériels, environnementaux et humains (accidents de travail, risques psycho-sociaux…) dont les coûts peuvent pourtant être considérables. Pour être complète, une bonne analyse des risques doit notamment intégrer des critères de responsabilité environnementale et sociétale, encore trop négligés par les entreprises : chaîne d’approvisionnement, sous-traitance, politique sociale, écoconception, ancrage territorial, prise en compte des parties prenantes… Nous avons constaté chez Generali que les entreprises les plus responsables subissent moins d’accidents que les autres. C’est aussi un gain pour l’assureur qui a moins de sinistres à dédommager mais potentiellement une baisse de prime d’assurance ! Je suis convaincu que le rôle naturel de l’assureur et de l’intermédiaire est d’être un risk partner, véritable conseiller stratégique en matière de prévention et de gestion des risques. Plus que jamais, la prévention est au cœur de notre métier.
Parmi les risques émergents, il en est un en particulier qui a fait l’objet d’une prise de conscience en 2016, qui devrait être renforcée encore en 2017 : le cyber-risque. Même si il reste encore trop sous-estimé par les entreprises, il s’agit d’un risque de plus en plus courant et, surtout extrêmement coûteux. Une étude du Lloyd’s indique que 92 % des entreprises européennes ont été victimes d’une cyber-intrusion au cours des 5 dernières années. Une bonne raison pour placer cette menace en haut de la pile ! Et pourtant, les dirigeants ne sont que 42 % à se sentir exposés à une nouvelle attaque. Les assureurs également prennent la mesure de la nécessité d’accompagner leurs clients entreprises sur ce sujet et nous devrions voir mûrir en 2017 des offres plus nombreuses d’assurances en la matière.
En matière de gestion des risques psycho-sociaux et de prévention santé au travail, les attentes des entreprises envers leur assureur vont également croissantes. Ceci est lié à la fois à l’évolution de la réglementation, et des souhaits des collaborateurs (ils sont 80 % salariés français à estimer que l’entreprise a un rôle à jouer pour contribuer à leur bonne santé). Face à la porosité grandissante entre vie professionnelle et vie personnelle due aux nouveaux usages digitaux, les salariés finissent par exprimer des besoins personnels sur le lieu de travail : facilités, conseils, activités sportives ou culturelles… Il n’est plus question que de qualité de vie au travail ; un critère de choix d’ailleurs essentiel pour les jeunes générations. Le bien-être au travail joue un rôle essentiel dans la performance des entreprises : réduction de l’absentéisme, amélioration de la productivité et de l’engagement… les chefs d’entreprise et les DRH ont tout intérêt à se préoccuper de cette question et à mettre en place des programmes de prévention qui suscitent l’engagement des collaborateurs. Plusieurs assureurs proposent des solutions en la matière, dont Generali avec le programme Vitality, mais tous ces programmes nécessitent un engagement réel des employeurs dans l’animation au sein de leur entreprise.
Plus que jamais, en 2017, être dirigeant d’entreprise, c’est anticiper et se protéger, y compris contre ce qui semble improbable. Il est nécessaire que les entreprises procèdent à une cartographie précise des risques auxquels elles sont exposées. L’assureur est un partenaire naturel pour les accompagner.
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