Le futur de l'automobile semble se dessiner autour du véhicule autonome et de l'autopartage. Un changement technologique et de mode de consommation qui pourrait avoir des conséquences sur le marché de l'assurance auto selon certains observateurs.
C'est la question à 20 milliards d'euros, soit le montant des affaires directes en automobile en France en 2016 : la démocratisation de la voiture autonome va-t-il réellement réduire la masse assurable ? Les avis sont assez tranchés dans le secteur de l'assurance. Certains dirigeants imaginent une contraction inexorable du marché. D'autres, au contraire, croient que les besoins seront toujours là. Un point sur lequel tous semblent se rejoindre, le futur du déplacement automobile passera par le véhicule autonome et son corollaire, l'autopartage. « La voiture autonome et partagée devrait représenter 80% des kilomètres parcourus en milieu urbain d'ici 2040 », lâche Guillaume Crunelle, associé Deloitte, responsable du secteur automobile. Une partie du parc automobile pourrait donc disparaître.
Pour autant, « une partie de la prime ne disparaîtra pas : celle liée à l’existence même du véhicule », estime François Nédey, directeur technique assurance de biens et de responsabilités d'Allianz France. La voiture autonome change la donne en matière de responsabilité, la conduite étant assumée par des logiciels. Pour autant, la partie dommages de ces véhicules n'a pas vocation a être remis en cause. Une tempête de grêle, des chutes de branches ou des actes de vandalisme ont les mêmes effets sur une voiture classique que sur une voiture autonome. Par ailleurs, « le coût de réparation de ces véhicules est de plus en plus élevé. Parfois, un coup sur le pare-choc impose de recalibrer une grande partie des capteurs du véhicule », souligne François Nédey.
Trouver des débouchés hors de France
Côté chiffres, en croisant les données de primes auto moyennes RC fournies par la FFA et les primes auto moyennes, toutes garanties, livrées par les comparateurs, on arriverait à une amputation de 30% du chiffre d'affaires pour le marché de l'assurance auto en ôtant la partie RC des primes. Cela reste un taux de chute important si l'on considère le nombre d'acteurs présents sur ce segment, qui constitue par ailleurs un produit d'appel pour d'autres offres de par son caractère obligatoire.
Mais pour Guillaume Crunelle, il faut penser au-delà du simple marché français,voire européen : « les assureurs devront certainement aller chercher des marchés hors d'Europe. En Chine, le taux d'équipement en automobile est par exemple de 100 pour 1.000 habitants », ce qui laisse effectivement des opportunités pour trouver de nouveaux débouchés, pour les groupes d'envergure internationale. Finalement ce n'est peut-être pas la masse assurable, mais le nombre d'acteurs à se partager le gâteau qui pourrait se réduire.
« L'internet des voitures n'est pas sécurisé »
Reste tout de même une question. Si la voiture autonome semble avoir un bel avenir devant elle, se démocratisera-t-elle vraiment ? Les questions liées à la sécurité sont cruciales. « Les craintes autour de la sécurité des systèmes contre l'intrusion externe et interne de ces automobiles sont un vrai frein au développement de ces types de véhicules », estime François Nédey. La préoccupation concerne notamment la prise de contrôle d'un ou plusieurs véhicules par des hackers. « Pour une sécurité optimale, il faudrait utiliser les normes de type militaire. Mais le coût deviendrait inabordable pour le grand public. A l'heure actuelle, l'internet des voitures n'est pas totalement sécurisé », lance le directeur technique d'Allianz France.
Pas sûr donc que les conducteurs soient prêts à laisser le pilotage à des logiciels sans aucune possibilité de reprendre la main. Et peut-être que les assureurs se montreraient de leur côté frileux à assurer ces véhicules. Certains le sont déjà pour des modèles récents dont le système d'ouverture sans clés est beaucoup trop facilement piratable.
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