Chronique : Amazon, Berkshire et JPMorgan à la conquête du secteur de la santé américaine
Mardi 30 Janvier dernier, le géant de l’e-commerce Amazon.com a annoncé une alliance avec JPMorgan Chase, la première banque des États-Unis, et Berkshire, le groupe d’entreprises du milliardaire Warren Buffet. L’objectif de cette alliance ? La mise en place d’une structure à but non lucratif, destinée à faire baisser les coûts d’assurance maladie de leurs employés américains.
Ce que l’on sait de cette alliance
Dans un premier temps, l’alliance entre ces trois poids lourds sera basée sur la technologie, afin de fournir à leurs 500 000 salariés des assurances maladie de grande qualité, au fonctionnement clair, et à un coût raisonnable.
À l’heure actuelle, peu d’informations supplémentaires ont été communiquées sur les détails pratiques de cette association. Les trois entreprises ont déclaré que la structure indépendante qui en résultera sera « libre de toute contrainte ou incitation à réaliser du profit ».
Les experts du secteur de la santé américain n’ont pas caché leur scepticisme face à ce flou. Spencer Perlman, directeur de la recherche sur les soins de santé chez Veda Partners, a ainsi déclaré : « Ils promettent essentiellement de faire quelque chose de différent, mais nous ne disposons d’aucune information sur ce qu'ils font faire et sur comment ils vont le faire. Le secteur de la santé est autrement plus compliqué que de faire livrer des objets rapidement. »
Les réactions des marchés à cette alliance
Les marchés semblent partager cette inquiétude, et leur réactions suite à cette annonce ne s’est pas faite attendre : le jour-même, en début d’après-midi, les assureurs UnitedHealth, Anthem et Cigna perdaient respectivement 4,99%, 5,98% et 7,22%. Les chaînes de pharmacie américaines ont également été affectées : CVS Health a perdu 5,52%, tandis que la valeur de Walgreen Boots Alliance était en baisse de 4,97%.
Plus globalement, la baisse sur l’ensemble du secteur de la santé a été de 2,05%, ce qui correspond à la plus forte baisse sectorielle du S&P-500.
Matt Borsch, analyste chez BMO Capital Markets, commentait ainsi ces réactions : "Les investisseurs se demandent toujours quel événement inattendu pourrait gâcher la solide confiance des investisseurs vis-à-vis de la santé. Malheureusement, voilà qui semble parfaitement faire l'affaire".
La majorité des acteurs de la santé aux États-Unis redoutent qu’Amazon reproduise ce qui s’est passé dans le secteur de la distribution, en venant grignotant leurs bénéfices et gagner des parts de marché.
La crise du secteur de la santé aux États-Unis
Aux États-Unis, la santé représente désormais 8,3 % du coût total d’un employé pour une entreprise. En 2016, les dépenses totales des américains pour leur santé s’élevaient à 3 300 milliards de dollars (2 650 milliards d’euros), ce qui revient à 18 % du produit intérieur brut du pays.
Le milliardaire Warren Buffet résume ainsi la situation : « L’explosion des coûts de la santé est un ver affamé dans l’économie américaine ». Les dépenses de santé sont en effet près de deux fois plus élevées aux États-Unis qu’en Europe, sans pour autant que le niveau de bien-être des américains ne soit supérieur à celui des européens dans ce domaine.
Ces dépenses de santé continuent d’augmenter chaque année plus vite que l’inflation et jusqu’à présent, ni le gouvernement, ni les entreprises assurant une couverture de santé ne sont parvenues à en faire diminuer les coûts.
Article rédigé par Aurélie D. pour Assur.com, agrégateur d’assurances auto, moto, santé, habitation, voyage et plus.
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