Clauses de désignation : la concurrence s’installe, la résistance existe
La fin des clauses de désignation a ouvert le champ des possibles, avec des recommandations, des co-recommandations, des labellisations, ou rien du tout,… en apparence du moins.
Dans le monde des groupes paritaires, jusqu’ici bénéficiaires presque obligés du marché de la désignation, deux écoles se côtoient désormais : il y a ceux qui espèrent que la recommandation a un sens, même si la concurrence change la donne, et puis les autres. Apparemment convaincu, Adéis a souvent concouru et emporté plus de trente appels d’offres en santé. Malakoff Médéric s’est aussi illustré dans la course. Et Mutex, jugeant que le jeu de la recommandation comportait des risques mais valait d’être tenté, s’est engouffré derrière.
D’autres paritaires ont été beaucoup plus sélectifs dans la compétition. Notamment AG2R La Mondiale et Klésia, tous deux tenants de grosses branches emblématiques de la grande époque de la désignation, ont pris des voies différentes. Car pour les plus fervents partisans de la désignation, la recommandation n’est pas une solution. D’ailleurs, lorsque les clauses de désignation des branches les plus critiquées arrivent à échéance, il n’y a souvent pas d’appel d’offres, et pas de recommandation. C’est le cas de l’emblématique boulangerie, où les partenaires sociaux ont fait comme si de rien n’était, reconduit la désignation d’AG2R La Mondiale, et continué à mener leur combat sur le front judiciaire. Avec un succès très mitigé. Mais force est de constater que la boulangerie n’a pas encore été beaucoup attaquée et que seule une étude sur le terrain pourrait dire si les boulangers se savent bien libres de s’assurer là où ils veulent… Peut-être que le fait qu’AG2R La Mondiale se garde de son côté d’aller attaquer les marchés historiques des autres paritaires, souligne un courtier, contribue à sa tranquillité.
Combien de temps durera ce pacte de non agression ? Une branche comme celle des hôtels cafés restaurants (HCR), a pris une autre option, en jouant sur les prix, ce qui a permis jusqu’ici aux organismes paritaires en place de conserver leurs positions. A l’échéance de la clause de désignation fin 2015, qui bénéficiait à Klésia et Malakoff Médéric, la commission paritaire de la branche à s’est fait très discrète. Pas d’appel d’offre, pas de vague… Mais dès juillet 2015 à six mois de cette échéance, la commission une partie des généreuses réserves accumulées les années précédentes a été utilisée pour permettre de baisser les cotisations de près de 15%, les passant de 32 à 28 euros. Six mois plus tard, à la fin de la désignation, les prestations et la portabilité des droits ont été améliorées. Au final, le rapport qualité prix est devenu beaucoup plus attractif… Du côté de Klésia, l’approche commerciale a par ailleurs été chamboulée, et le groupe paritaire, qui s’est mis aux appels sortants vers les entreprises, se félicité d’avoir un taux de chute limité à 2,5% sur ce marché. Reste à savoir combien de temps cette stratégie pourra tenir.
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