Les patients fuient les cabinets médicaux et le nombre d’actes de téléconsultation augmente de façon exponentielle, dans ce contexte de pandémie du coronavirus. L’Assurance Maladie augmente la base de remboursement, tandis que les téléconsultations intégralement financées par les complémentaires santé explosent.
Depuis le lancement de la téléconsultation, deux systèmes cohabitent. D’un côté, les assureurs proposent à leurs assurés couverts en complémentaire santé des consultations à distance intégralement prises en charge par l’organisme complémentaire. Ces téléconsultations sont réalisées soit par une société d’assistance (Axa Partners, Allianz Partners) soit par des sociétés privées (Médecin Direct, MesDocteurs).
D’un autre côté, depuis septembre 2018, les médecins peuvent recevoir leur patientèle en visio-conférence en s’équipant d’une solution de consultation (Doctolib, Qare, HelloConsult). Ces actes de téléconsultation dans le respect du parcours de soins étaient jusqu’à présent pris en charge à 70% de la base de remboursement par l’Assurance Maladie.
Le coronavirus a provoqué une forte accélération des deux systèmes. Les conditions de remboursement par l’Assurance Maladie sont fortement assouplies pour les personnes présentant les symptômes du Covid-19. Plus besoin d’avoir vu son médecin dans les derniers 12 mois pour être remboursé par l’Assurance Maladie. En effet, un décret lève, pour les patients présentant les symptômes de l'infection ou reconnus atteints du Covid-19, l'obligation de passer par son médecin traitant pour réaliser une téléconsultation remboursée par l'Assurance Maladie.
A partir du 19 mars, la prise en charge de l’Assurance Maladie des actes de téléconsultation liés au coronavirus évolue également. Il passe à 100% de la base de remboursement, contre 70% jusqu’à présent, selon un décret paru au Journal Officiel du 20 mars. Il passe donc de 17,5 à 25 euros pour une téléconsultation avec un médecin généraliste. Le texte indique que les personnes dont le diagnostic au covid-19 a été posé pourront bénéficier des activités de télésuivi avec un infirmier, même si elles ne l'ont pas rencontré physiquement avant. Le texte exonère également de ticket modérateur les actes de télésuivi infirmier.
Les plateformes privées espéraient depuis longtemps être éligibles aux téléconsultations remboursées par la Sécu. « Nous avons tous très envie d’être considérés comme un élément du parcours de soins », déclare François Lescure, président de la fédération Les Entreprises de Téléconsultation (LET).
Facture en hausse pour les complémentaires
En attendant que le remboursement par l’Assurance maladie s’élargisse aux plateformes privées en toutes circonstances, celles-ci continuent à proposer aux assurés des téléconsultations gratuites, en inclusion, dans le cadre de la complémentaire santé. Depuis le début de la crise, Médecin Direct a multiplié par 4 le nombre de téléconsultations quotidiennes, dont 40% sont liées au coronavirus. « Les Français préfèrent ne pas se déplacer. Les salles d’attente des cabinets des médecins sont vides alors que nous sommes fortement sollicités », indique François Lescure, président de Médecin Direct, plateforme privée qui travaille avec 55 médecins sous forme de centre médical virtuel.
Les sociétés d'assistance sont également sous tension. « Depuis le début de la crise, nous avons connu une hausse significative de l'activité, trois fois plus importante par rapport au rythme habituel de la saison. Nous recevons en ce moment environ 900 appels par jour et nous avons réalisé plus de 400 téléconsultations dans la journée, un chiffre record. Un infirmier réceptionne les appels, rassure et conseille le patient si besoin, puis planifie aux médecins les cas le nécessitant. Les délais de réponse ont augmenté mais nous avions anticipé ce pic d’activité en renforçant nos équipes », explique Pierre-Emmanuel Lefebvre, CEO d'Axa Partners France. De son côté, Mondial Assistance a enregistré un volume de demandes en hausse de 200%.
Les organismes complémentaires qui financent le service de téléconsultation en inclusion de certains contrats seront donc mis à contribution pour financer cette hausse du volume de téléconsultations réalisées par les plateformes privées et sociétés d'assistance.
La téléconsultation doit être privilégiée
Le nombre d’actes à distance devrait encore augmenter dans les prochains jours. En effet, le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, a invité les Français qui pensent "être atteints par le covid-19" à privilégier la consultation à distance en cas de symptômes légers afin d'éviter toute contamination. Les directeurs médicaux des 41 sociétés de télémédecine de LET se sont réunis lundi 17 mars pour mettre en place un arbre décisionnel de traitement du coronavirus.
Les médecins qui avaient exprimé des réticences pour libérer du temps médical pour la téléconsultation sont aujourd'hui contraints d'adopter cette solution. Les sociétés de télémédecine qui équipent les médecins de solutions de téléconsultation sont fortement sollicitées. Doctolib, Cegedim, Qare ou Helloconsult offrent leurs solutions gratuitement pendant la crise du coronavirus. « Depuis le début de la pandémie, nous avons constaté un nombre croissant d’inscriptions de médecins à la plateforme, il a été multiplié par 9 », déclare Mathilde Le Rouzic, COO de Hellocare. « Depuis le début du confinement, le nombre de téléconsultations réalisées par Helloconsult a été multiplié par 10 », indique de son côté Sophie Kerob, présidente d’Helloconsult.
Face aux difficultés de déplacement de leurs patients, d'autres professionnels de santé adoptent la téléconsultation : aussi bien les médecins généralistes que les spécialistes tels que les psychiatres ou les diététiciens. « Les patients fragiles et angoissés n’osent plus sortir de chez eux. Afin de ne pas perdre le lien, la téléconsultation devient alors adaptée pour qu’ils puissent téléconsulter des psychiatres par exemple. Elle l’est également pour les diététiciens qui sont, quant à eux, impactés indirectement par cette pandémie », selon Mathilde Le Rouzic.
La téléconsultation entre dans les mœurs
Pour les acteurs de la télémédecine, cette crise permettra d'installer la téléconsultation dans le paysage. « Tous les médecins de nos plateformes sont mobilisés et super motivés. Le niveau des dépenses sera probablement supérieur au niveau des entrées. Nous aimerions que la Sécurité sociale reconnaisse notre contribution. La situation que l’on vit aujourd’hui va permettre à tout le monde de tester la téleconsultation et de voir que c’est une solution acceptable pour la plupart des pathologies », espère François Lescure.
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